Clopin-clopan, Vitali et Razoumnik ce soutenant l'un l'autre, le premier le crâne bandé, le second le bras cassé, chacun couverts des stigmates d'une récente bagarre, arrivaient à l'entrée du bivouac.
Chacune de leur sotnias était prête à faire route vers les "Hauts pâturages". De nouveaux cosaques venaient de remplacer leurs derniers morts, et il ne leur restait guère plus qu'une 20aine de blessés à soigner, ce qui serait fait en chemin. Eux-même avaient hâte de reprendre la route, pour affronter les "Autumnois", et prendre leur revanche.
Leur attention fut attirée par un vaste attroupement à l'entrée est. Plusieurs centaines de cosaques étaient en train d'installer leurs tentes, et leur chef devisait avec l'un des frères Sarlov, le chef de guerre à n'en point douter.
"_ Hola, cosaques! fit Vitali à l'attention de Provion. Tes hommes m'ont l'air d'être de bonne constitution. Et à voir l'énergie qu'ils mettent à monter leur bivouac, je suppose qu'ils sont pressés de combattre le diable bonapartiste... ou de vider quelques bons tonneaux de vodka!
_ Salut Vitali, fit Dimitry. Mes cosaques s'étonnent de ne pas te voir avec les tiens sur le front.
_ Minute mon gars. Il faut bien laisser le temps à mes cosaques de venir renforcer nos unités massacrées. Mais rassure-toi, je prends la route du nord dès demain! Et je te montrerai la valeur des cosaques des berges du Dniepr!"
Vitali se tourna ensuite vers Provion et s'adressa à lui...
"_ Tout ce que l'on t'a raconté sur notre compte, ne sont que purs mensonges...! Sauf si l'on t'a conté que nous étions les pires éponges imbibées qui soient dans toutes les Russies, que nous étions des brigands davantage intéressés par les butins que par le service au Tsar, que nous sommes des coupeurs de bourses, aussi bien celles qui pendent à la ceinture que sous la ceinture, et enfin que nous étions la lie des troupes qui se battent pour le Tsar Alexandre Ier... Tout cela est bien vrai."
Vitali s'amusa de sa tirade, donna une grande tape dans le dos de Dimitry qui le lui rendit malgré son état de santé. Vitali, se massant à nouveau le crâne à cause de sa migraine, fusilla du regard Dimitry. Puis, il poursuivit à l'intention de Provion.
"_ Mais dis-moi Provion... où est ton second? Ton bras-droit? Il manque la moitié de ton bataillon. L'union fait la force, tu sais..."