Chez Natalya

En tout cas rebienvenue chez nous

En tout cas, ils sont rigides chez les Pavlovs... Je n'aimerais pas avoir un type comme ça sur le dos pour me dire ce que je dois faire, à savoir quand pisser, quand dormir, quand bouffer...

Ca respire la joie de vivre et le plaisir du jeu la bas
Entre l'autre taré qui fait le prévot, et le chef de régiment qui impose du rendement
Elle est loin l'époque des Pavlovs de Gagarine ou j'ai usé mes guetres
T'as bien fait de revenir Eric, a ton retour, VODDKAAAAAAA!!!!!!!!

Une odeur de bouteille ouvert? J'arrive. A BWAAAAAR!!!!

Pôvre régiment des grenadiers de Pavlof...

A bwoiaaaaaaaaaaaaaaaaaarre !

Foutre-au-cul!!!

Les Pavlovs sont aussi rigides qu'un étalon qu'on mène à la saillie!!! Le rire est passible du peloton d'exécution là-bas? Tu as bien fait de rentrer à la maison Eric. Nous ne sommes pas très fin, c'est vrai, nous sentons le foutre et la mauvaise eau de vie, mais au moins, on ne se prend pas la "Papakha".

Et puis regarde, chacun est libre par ici... Bon, Jean-Claude Vandamme s'est paumé chez les baggovouts, et Froost a joué au coupe-gorge dans les bois de la "Garde du Tsar" pour leur conserver la ferme (d'ailleurs depuis son départ, les tsaristes l'ont perdu cette ferme... encore!), mais quand ils veulent s'amuser un bon coup, ou péter sans que ça ne gêne personne, ils savent où nous rejoindre... derrière les lignes ennemis.

Allez... rien que pour toi, la prochaine fois on essaiera de se trouver un front où il ne faut pas trop marcher... fainéant!!!

Pokotylo entra dans la taverne en poussant légèrement la porte. Elle tomba sur le sol de l'unique pièce de l'établissement.
Le tavernier était écroulé sur une chaise, cuvant un alcool sans nom.
Pokotylo le secoua, pendant que Bogdan, Biroulia et Barabach époussetaient la couche de 3 cm de poussière que une table. L'un d'eux partit en direction de la cave.
"Alors, vieille barrique? On dort?" sussura Pokotylo dans l'oreille du tenancier.
Celui-ci, réveillé, cligna des yeux, se frotta le visage, regarda les nouveaux arrivant,... et se mit à sangloter...
"Mais qu'est-ce que je vous ai fait..... plus de trois mois sans un seul client!!!! J'aurais bien essayé de me pendre, mais j'ai même plus assez de pognon pour m'acheter une corde!"
Un peu honteux, les gaillards se regardèrent, puis dirent: " ben ,heu, en fait, on était parti en raid, puis à Polotsk, puis à nouveau en raid, et on a même pas traîné longtemps à l'infirmerie... alors le prends pas pour toi, camarade."
"Pas le prendre pour moi, tu te fiche de moi, le manchôt? Tu ne vas pas me dire que dans vos périgrinations vous avez réussi à rester sobres?"
"Sobre, moi? tu veux me tuer?"
"Ben alors, on a le temps de boire ailleurs, mais pas chez moi? Ah, on devient précieux, ah on préfère boire "en ville", parce que mon estaminet n'est plus assez huppé pour ces messieurs? Eh bien, vous pouvez aller voir ailleurs pour votre prochain comas éthylique!"
A ce moment, Bogdan, sortant de la cave, déposa un tonnelet sur la table qui grinça sous le poid du précieux récipient.
"Pleure pas, camarade!" enchaîna Pokotylo. "Tu vois bien qu'on est revenus. Y'a pas meilleur que ta vodkà. Alors fais-nous pêter la panse avec ta bibine et trouves-nous à manger. J'ai faim! Le service n'est plus ce qu'il était!!!"

Voilà que j'entre dans la plus fameuse taverne, de la plus mauvaise réputation d'cosaque...
... bin mince, le tripo un desert, le vieux clepse est bien crevé cette fois, tout sec au milieux de la piéce pleine de poussier et de souvenirs nostalgiques.

"Bordel ! Faut-il gueuler plus fort que le diable pour que revive l'ame cosque et coule la vodka ?
HAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaar !...

Entendant un cri dans la taverne, une multitudes de cosaques accururent vers le bâtiment miteux et lézardé.
"Quoi?"... "hein?".... "squispass?" ........
" l'alcool?" .... " y'a des femmes?" ...
"j"ai soif !" ... "ON A SOIF!!!!"...
"A BWAAAAAAARRRRR!!!!!!"

Un tas de toiles d’araignées sursauta au cri du Cosaque assoiffé:

-Hein? Quoi? Non monsieur, je ne dormais pas, je prêt à vous servir.

Et le tavernier, car s'était bien lui, commença à se diriger vers sa réserve pour chercher de quoi servir les soiffards.


Un peu plus loin, à l'extérieur de la taverne, dans une autre tente, ce ne fut pas un tas de toile qui se secoua mais plutôt une montagne de pansements divers et variés. Andreas venait de subir un revers dès son arrivée en première ligne et ruminait sa déconfiture dans sa tente quand il entendit le cri.
N'écoutant que son courage, il s'élança à travers son bazar, ses mains, ses pieds et ses autres membres étant gênés par les nombreuses bandelettes entourant son corps. Néanmoins, il réussi à s'extraire de sa tente pour s'étaler dans la première flaque boueuse à quelques pas de la sortie.
Il ne pu que crier (juste avant la chute):

-Attendez-moi les gars!! J'arrggllll...

fracasse la porte, ( déjà mal au point)

- Nom d'un couille ! y a t il encore un taulier dans ce merdier?

shoot dans une bouteille vide trainant au sol

- non parce que d'ici quelques Heures j'ai mes 500 Hommes qui vont se pointer et ils ont la dalle et la gueule sèche !

se cure le nez et dépose sa trouvaille sur une table renversée

- Bon... TOURNEE GENERAL!!!!!!!

a ces mots 5 cosaques encore un peu saoule entrèrent en beuglant (un cosaque a toujours l’ouïe fine... surtout pour boire

- OOOUUUAAAIIISSSSSS!!!!! VODKAAAAAAAAA!

se trouvant nez à nez avec Habramovitch, ils eurent une réaction que seule des cosaques peuvent avoir...

- Bah... euh...

à ce que Habramovitch répondit par une magnifique droite dans le 1er a porté de bras et rajouta

- moi aussi ca fait plaisir! renifle

- Bon, vous allez me ranger ce bordel rapidement! Comment vouslez vous qu'on casse tout une fois saoulé si tout est déjà cassé... hein ! allez au boulot bande de gueux !

"_ POKO!!! METS UN FUT EN PERCE!!! On a invité aujourd'hui!!!


Le cosaque faisait une tonnitruante rentrée, comme aimait à le faire tout bon cosaque qui se respecte, en entrant dans une taverne! "Chez Natalya" était un tripot qui ne payait pas de mine. Le sol était de terre battue, et les tables étaient crasseuses. L'établissement, si tant est que ce taudis pouvait être nommé ainsi, sentait la sueur et l'alcool à plein nez. Habramovitch fila vers un cosaque passablement éméché, une pièce d'or dans la main.


"_ Toi le tire-au-cul! Va chez les bohémiens qui campent au nord, et préviens leurs femelles que la Rada se réunit "Chez Natalya". De l'or en perspective! Et de folles parties de jambes en l'air! Grouille! J'ai l'moutard qui meure d'envie de se dégorger!!!

_ Et toi le gratte-papier! repris Vitali. Qu'est-ce que tu prendras!? Vodka bien sûr... vas-y doucement, c'est une boisson d'homme! HéHéhé... Tu m'as pas dit ton nom, au fait..."

Dimitri assis dans son coin rumimait... mais un sourire se dessina quand le fut fit son entré

Habra accompagna "délicatement" l'invité à une table. Il nettoya la table tout d'abords, en trainant au sol, le cosaque qui s'y était vautré auparavant tout en répondant à Vitali

- il a dit se nommer Sanchov ou un truc du genre plante sa dague dans la table Evidemment qu'il va boire une p'tite vodka! c'est moi qui régale!!

Une bouteille et 3 godets arrivèrent sure la table. Vitali la déboucha et les godet furent rempli a ras bord

Habra et Vitali prirent leur verre, les levèrent en direction de leur invité et se les enfilèrent d'une traite puis les posèrent violemment. Tout 2 regardèrent alors le russe...

A ce moment, un éructation borborigmique et rôtatoire fut émise d'un coin de l'établissement. "Rhôô!"

Pokotylo, venait de se lever de son tabouret, et soulageait ainsi une lourdeur d'estomac.

Puis, avisant l'Hetman et Nakun, il s'approcha d'eux et les appostropha alors qu'ils levaient leurs verres:"Comment? après de mois d'absence dans ce bouge, vous buvez sans moi?"

Habramovitch, ne s'en laissant pas mener, rétorqua aussitôt:
"T'as qu'à venir quand on t'apelle!"

Pokotylo s'approêta à le souffleter de la main gauche, mais il ne réussi qu'a faire du vent avec sa manche, tourna dans le vide et tomba le cul dans la paille étallée sur le sol en terre battue.
Les autres cosaques pésents écclatèrent de rire.
Se relevant péniblement, Pokotylo râla: "Et Meeeerde, j'oublie toujours que jai plus de bras gauche!"

Vitali lui attrappa un siège, et lui dit: 'assieds-toi et bois, ça te remttra les idées en place, fichu manchot."

Pokotylo posa son séant sur la petite chaise de paille, non sans avoir vérifié qu'elle pouvait les soutenir, lui et son gros bide.
Puis, avisant l'uniforme russe assi entre les deux dur-à-cuire de service, il dit: "J'dois vraiment avoir soif, j'ai des allucinations, on dirait un russe, là, entre vous deux."

"Ben oui" répondit Vitali en donnant une vigoureuse calque dans le dos de Sanchov, ce qui eu pour effet de lui faire tremper le nez dans la vodkà qu'il n'avait toujours pas entammée.
"C'est parce que c'est un russe pour de vrai, et un écrivaillon en plus!"

"Un écrivaillon?" Avisant la boutielle de vodkà sur la table, il demanda: "C'est pour celà qu'on n'a droit qu'à une petite bouteille? On met les petits plats dans les grands?"

Puis, se retournant: "Tavernier!!!! Amène-nous un tonnelet, sinon on va vite être à cours de jus!"

Et revenant à la conversation: "en alors, il boit pas?"

Sanchov, comprenant qu'il avait intérêt à respecter les règles de l'hospitalité locale, trampa avala une gorgée de la vodkà "locale".
Les cosaques l'imitèrent et vidèrent leur verre d'un trait, Pokotylo se servant directement au goulot de la bouteille."Hââââaa!!!" firent les trois cosaques, satisfaits.
Sanchov, lui, restait sans voix, ses cordes vocales anéstésiées par le breuvage, et les muqueuses de sa bouche étant passées de l'état de fluide à l'état de vapeur.
L'espace d'un instant, il oublia son nom, voulut appeler sa mère, mais ne savait plus comment ça se disait en russe...

Ne prêtant pas attention à Sanchov qui tentait vainement de faire entrer de l'air dans ses poumons, Pokotylo demanda à Vitali: "Au fait, pourquoi qu'on reçoit un scribouillard?"
"C'est pour la gazette... y veulent faire dans l'exotique alors ils l'ont envoyé ici pour apprendre comment qu'on vit."
"La gazette, pour ce que je la lis, la gazette", intervint Habramovitch.
"Soit, mais si ça peut contribuer à nous faire repecter par le Tzar, moi j'dis pas non, et puis, nous avons également besoin de cette feuille de choux."
"J'viens d'dire que j'la lisais pas!!!" repondit Habramovitch, haussant le ton.
"Moi non plus!" geula Vitali.
"Ben alors, qu'est ce que t'en fait, de ta fichue gazette?" hurla Pokotylo.
"Faut bien qu'on ait de quoi se torcher le cul, après les coulante qu'on se tappe à force de bouffer du bortch!" s'époumona vitali
"Ah, c'est vrai, merde!" convint Habramovitch.
"C'est le cas de le dire!" termina Pokotylo.
Et toute la salle éclatta d'un rire tonitruant!

Pendant ce temps, Sanchov, commança à se rappeler qui il était, pleurait à chaudes larmes, respirait un air salvateur, et dit: "je peux avoir un verre de lait?"

Toute la salle se retourna vers lui ...

Lorsque Pokotylo s'était affalé sur le sol paillé de la taverne, ce dernier lui avait fait entendre sa douleur de manière quelque peu particulière (venant d'une chose inanimée):

-Oummmpffff!

Le bruit n'avait cependant marqué aucun esprit et les discussions avaient continué sur un bon rythme. La vodka coulait dans les verres, puis vers les gorges habituées au breuvage fortement alcoolisé, sauf une qui semblait subir mille supplices pour conserver sa dignité.

Alors que les discussions allaient bon train, les effluves d'alcool atteignirent le sol de paille, lequel tressailli légèrement:

-Ach, Alkohol ... Schnaps? Nein, das nicht. Vodka? Vodka!

Et une montagne de paille se redressa de l'endroit où était tombé Pokotylo, de cette montagne jailli la tête d'un Andreas Hofer à moitié réveillé par l'odeur. Cette apparition aurait pu faire son effet si une autre voix n'avait demandé:

-Je peux avoir un verre de lait?

Un grand silence était tombé dans la pièce, tous les cosaques regardaient l'importun qui avait osé prononcé un tel mot. Le tavernier réfléchissait déjà à un plan audacieux devant lui permettre de sauver son mobilier face à l'orage qui menaçait.
Proche de Pokotylo, Andreas fut tout à fait réveillé par le mot "lait", enfin plutôt frappé de stupeur. Se tournant vers le cosaque manchot, il demanda doucement:

-Qui est-ce?

-Un gazetier douteux...

Craignant de ne pas pouvoir profiter d'un peu de vodka, il se tourna vers l'invité et lui lança:

-Du lait? Je crains que nous n'ayons pas de cela, nos juments n'ont pas encore pouliné. Par contre, nous devrions avoir du thé.

Se tournant vers Vitali, il lui demanda:

-Oh Hetman! As-tu encore de ton thé?

Un fort grognement retentit alors à l'entrée de la taverne.

- nom d'une putain arthritique, ta porte d'entrée a encore rapetissé depuis la dernière fois, tavernier. On peut même pu passer dans le sens qui convient à un cosaque, on va quand même pas tourner le cul comme un français pour entrer, c'est pas décent des choses comme ça.

Apparut alors un kingtiti, trainant sabre, fourrures, bijoux, outres en peau de chèvre et surtout bedaine proéminente. D'un grand coup de rein il finit par réussir à se dégager de l'entrée en emmenant avec lui l'encadrement de la porte.

- et ben dis donc c'est pas bien solide ton gourbi tavernier. On est quand même plus à l'aise dans une yourte, tu devrais y penser. Bon c'est pas tout ça mais elle est où la nouvelle femme d'Habra ?

Le tavernier s'affairait comme jamais, ayant ramené plusieurs tonnelets d'un coup afin de s'économiser pour cette soirée qui s'annonçait chargée. Il priait intérieurement qu'il n'y ait pas de bagarre ce soir. Non pas pour la casse que cela engendrait puisque la Rada couvrait généreusement toutes les dépenses, mais plutôt pour le temps passé à chaque fois pour nettoyer le mobilier saccagé, avant de le remplacer... Il faisait une douce chaleur dans l'établissement, qui contastait avec le sentiment de froid que l'on ressentait l'orsque l'on regardait par les fenêtres chargées de buée derrière lesquelles tombait la neige. Par réflexe, il ajouta trois buches dans l'âtre ravivant le feu. Voilà ça de moins à faire lors de la quatrième tournée. Vitali héla un cosaque qui venait d'entrer, et lui ordonna d'aller quérir son bras-droit ,Razoumnik, afin que celui-ci aille chercher du thé noir sous sa yourte... Puis, entouré des quelques Chefs de Guerre qui s'était joint à la veillée, il planta son regard noir dans les yeux de Sanchov.



"_ Commençons, étron de bouc! Je vais faire les présentations! Celui qui t'a accueilli en notre Sich... hum... notre camp militaire si tu préfères, c'est Habramovitch, dit "Nakun" un p'tit surnom tatar. Il descend tout comme moi, d'une longue lignée de cosaques! Regarde-le habillé comme un dandy sans le sou. C'est ça marotte à lui: dans les bagages de nos adversaires vaincus, il pille tout ce qui est à son goût, chemises à jabot, dentelle de Calais ou Bruxelles, brocard de Venise, manteau d'hermine, velours de Gênes... Mais son truc... Haaa oui... héhéhé... son plaisir lorsque nous enlevons une ville à la vermine franski, c'est de grimper au sommet du clocher de son église, et de pisser toute la vodka bue dans la matinée! Va savoir... Défi aux "culs-blancs"? Aux saintes icônes? Nul ne le sait, mais il ne déroge jamais à ce petit rituel...!"


Vitali vida son rog (corne à boire cosaque^^) d'un trait et repris les présentations...


"_ Le beau brun là-bas, qui fait rire la galerie avec ses bons mots, c'est Pokotylo! Je ne te dirais pas comment il a perdu son bras vu que les seules fois ou il en parle, il est plein comme une barrique, et nous autre aussi! Alors pour s'en rappeler le lendemain... c'est une autre paire de manches... HOHOHO... hein... une paire de manches, Poko... HEHEHE...!!! Hum... Bref... Plus têtu qu'une mule, plus téméraire que Charles, cosaque depuis plus de 8 générations, et plusieurs fois Hetman, il a du tuer à lui tout seul par ses charges meurtrières, davantage de cosaques que d'ennemis... Mais au moins es-tu sûr d'avoir un solide allier quand tu pars au combat!"


Vitali prit cette fois la bouteille, remplit les rogs de ses camarades, et se servit à son tour avant de reprendre...


"_ Lui là-bas, le discret qui parle peu mais à qui rien n'échappe, c'est Dimitri Andrev! Lui et ses deux frères sont des vétérans de la "Garde du Tsar". Dimitri a reçu une grave blessure qui l'a tenu alité plusieurs mois. Mais à son retour ce n'était plus pareil, son régiment avait changé, ses cadres, ses hommes... à moins que ce ne soit lui qui ait changé. En tout cas, il a déserté avec plusieurs de ses hommes, a recruté des malandrins, des paysans dont la ferme avait brûlé, des cosaques même, et sa route a croisé la notre. On le connait bien ce bougre, nous avions bien failli nous entretuer il y a quelques années! Et aujourd'hui on combat côte à côté, on dort sous le même toit, culbutons les même filles, et, buvons et mangeons à la même table... d'ailleurs à propos de manger..."


Vitali interpella le tavernier qui revenait de sa réserve, et exigea de la viande. Lorsque le tavernier lui dit qu'il y avait de la chêvre à manger, Vitali vociféra, pestant contre le peu de variété de l'ordinaire. Il pointa sa main vers l'épouvantail qui enlevait méthodiquement la paille du revers de sa veste...


"_ Lui là, le grand blond au regard clair et à l'accent étrange à couper au couteau, c'est Andréas Hofer! Il est autrichien, plus précisément originaire du Tyrol. Il a fui son pays avec ses gens lorsque les bonapartises sont arrivés. Il a très tôt rejoint la "Kazak Voïsko", pour ainsi dire depuis le début de la campagne franski contre le Tsar! Peut-être te présentera t-il un jour l'un de ses acolytes, le Père Joseph.. . un saint-homme selon les préceptes protestants... mais qui a une façon bien à lui de mettre sa foi en pratique. Son bâton de pèlerin ne lui sert pas qu'à marcher! En effet l'objet en question à occis bien plus d'ennemis que je ne saurais en compter. Depuis me suis-je jurer si l'occasion devait se présnter, de ne jamais piller de temple protestant...!"


Le tavernier revint les bras soutenant un lourd plateau de viande de chèvre découpé en tranches, accompagnée d'une garniture faite de choux et de tubercules fumantes. Il posa le tout sur la grande table sans s'embarraser à dresser une table. Les cosaques se serviraient avec leurs couteaux! Vitali le gosier sec, vida son rog à nouveau, et imitant Kingtiti, prit une portion de viande avec son couteau.


"_ Quant à l'affamé, là, c'est Kingtiti! Il nous a rejoint il y a peu. Mais nous le connaissions déjà de réputation. Il a mené jadis les opoltchènes, ces soldats moujiks formés à la hête il y a quelques années pour lutter je crois... hum... contre les "Autumnois" me semble t-il, en d'autres terres et en d'autres temps. Grand-gueule, encore une, il n'a pas son pareil pour se facher avec ces messieurs poudrés et fardés des cours de nobliaux et salons des état-majors, qui se targuent d'être férus d'histoires guerrières, et versés en stratégie militaire. Ces même hommes qui sur leur flanc, ne portent que le sabre de parade, sans doute jamais sorti de son fourreau, et qui des champs de bataille n'ont du entrevoir que de lointaines fumées, ou lueurs émanant de la canonnade..."


Razoumnik revint enfin, portant un large écrin de bois laqué, qu'il portait entre ses deux mains presque religieusement. Il s'approcha de la table où siégeaient les quelques Chefs de Guerre autour de Sanchov le journaliste, et la posa devant Vitali, qui d'un revers du bras avait nettoyé la table. L'imposent cosaque ouvrit l'écrin, en sortit une tasse en fonte émaillée, une théière du même ouvrage. Vitali prit une petite sacoche en tissus, fermée d'un cordelet qu'il ouvrit aussitôt, pour un retirer une bonne pincée de feuilles séchées noirâtres. Il s'en dégageait une légère odeur fumée. Il égraina la pincée dans la tasse, et tendit la théière au tavernier...


"_ Fait-moi chauffer de l'eau, et surtout vilain crapaud, ne la fait pas bouillir! L'eau doit à peine frémir! Si l'eau bout je te ferai battre à coups de trique jusqu'au sang! "


Puis se retournant vers ses camarades cosaques, et enfin vers Sanchov...


"_ Commençons à présent..."

Pendant la longue énumération des qualités intrinsèques des chefs de guerre de la Rada, Pokotylo sombra dans un semi-sommeil, puis, entendant qu'on le citait, cligna des yeux, s'ébroua, et se leva.

Ne voulant pas déranger Vitali qui semblait vouloir battre un reccord du plus long discous sans boire, il interpella le tavernier en ces termes:
"Fais bien gaffe avec le thé. Il doit être absolument au point, histoire de rétablir les idées de notre cher Hetman: V'là qu'il confond mon bras gauche et mon bras droit ... le filou!"

Lui répondant, le Tavernier lui dit:
"A mon avis, il s'en fout. La seule chose qui importe, c'est que tu lui as tiré un coup de pétoire dans les fesses il y a 2 ou 3 ans. Il doit encore avoir une dent contre toi."

Dimitri écouta Vitali , à travers un nuage déjà bien épais de vodka. Quand son tour fût venu , il se concentra cependant sur les paroles de son hetman , et replongea dans le passé.


Dimitri fixa le gratte-papiers russe

Tu sais , mon cher russe , Vitali dit vrai. J'étais un officier de la Garde du Tsar autrefois , et Cosaques et Gardes étaient sur le même front , à défendre le palais de notre si bien aimé Tsar.

Vitali minimalise assez nos conflits de cette époque ; peut-être pour lui était-ce normal. Je le comprend mieux maintenant, ayant fréquenté les Cosaques et me battant pour eux et avec eux maintenant.

Une journée en fin d'après-midi , l'un de mes adjudants de l'époque , Litovski , s'était insulté vigoureusement avec un cosaque , à propos d'une sombre affaire. Ce cosaque ordonna à ses hommes de charger les voltigeurs de Litovski , jusqu'à ce que mort s'ensuive. Seul Litovski en réchappa , et jamais plus il ne fût le même.

Dimitri hocha la tête , d'un mouvement triste

Peut-être , si tu le veux , peux-tu fouiller les archives du tribunal. Un vieux dossier doit s'y trouver , concernant cette affaire.

J'ai reçu une vilaine blessure quelques mois après ça , et suis resté alité un temps trop long. A mon retour au front , j'ai été envoyé comme un vulgaire bleu dans une soit-disante école , pour m'y faire souhaiter la bienvenue comme un chien. J'ai donc décidé de rejoindre mon ancien chef de régiment , Leto , chez les Cosaques , connaissant de toute façon la valeur de ces hommes.

Dimitri regarda intensément le russe

Peut-être un jour feras-tu ce choix comme je l'ai fait , pour être libre. En attendant , regarde donc ce que les Cosaques m'ont appris au bout de longues soirées.

Dimitri attrapa une bouteille de vodka aux 3/4 pleine , amena le goulot à sa bouche , et la vida cul-sec. Il commenca à tanguer et tomba de sa chaise , s'écroulant sur le sol , dormant d'un sommeil alcoolisé

Pendant ce temps, Pokotylo observa Sanchov, le journaliste russe.

Celui-ci avait sorti un callepin dans lequel il semblait prendre des notes.

A côté de son callepin était posé un bouquin dans lequel il semblait puisser des informations toutes les 2 ou 3 minutes.
"Je peux?" fit Pokotylo en tendant le bras pour attraper le livre sans attendre la réponse.

Il regarda alors le titre:
"DICTIONNAIRE RUSSE - COSAQUE et COSAQUE - RUSSE - Editions Vice-Versa"

"Heu, bonne année!"

hrm.... désolé pour le dérangement ... excusez-moi si je vous ai réveillé dans votre silence somnolent ...

Hein? Quoi? Qui a parlé de vodka?

Rooooooooooonnnnnnnnnfffffffffffffflllllllllllluuuuuuuuuuuuuuuuu rooooooooooooooooooonnnnnnnnnnnfffffllllllluuuuuuuuuuuuuuuuuuu

'tain... c'est encore la grande foule, ici ...

Apparemment, nous avons tellement à faire sur le front que l'on en oublie notre bonne vieille taverne.

La prochaine fois, nous irons dans un coin tranquille.

Un cosaque qui ronflait, la joue gauche ramolie sur ses bras croisés, affalé sur une table, toussotta, leva une paupière, attrappa la cruche devant lui, la bu d'une traite, rotta, puis réenfourna sa tête entre ses bras croisé, mais en changenat de côté.

Vitali se débattait farouchement avec une dizaine de pucelles ottomanes entièrement nues, sur un sol couvert de tapis perses. Elles gloussaient de plaisir et miaulaient de béatitude, tandis que vitali rugissait tel un ours en rut... un bruit incongru pourtant le perturba... Vitali ouvrit un oeil, puis deux... une odeur nauséabonde de transpiration et de vodka frelatée, une pièce singulière et familière... la taverne de la Sich. Poko ronflait sous une table voisine. Andréas souriait bêtement, une bouteille vide dans la main, prêt de l'âtre...

"_ Grumf... Peste de vérole...!!!"

Et il sombra à nouveau...


... ...